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Isabelle LEVERT Psychologue clinicienne Psychothérapeute |
Le burn-out
Un mal systémique
Le burn-out est un phénomène en forte croissance en France, affectant une proportion significative de la population active. Voici quelques statistiques récentes[1] illustrant l'ampleur du problème :
Prévalence générale : Environ 44 % des salariés français se déclarent en situation de détresse psychologique, incluant des symptômes de dépression et d’épuisement. Parmi eux, 14 % présentent un niveau de détresse élevé.[2]
Risque de burn-out sévère : Selon le cabinet Technologia, 3,2 millions de salariés, soit 12 % de la population active, seraient exposés à un risque de burn-out .[3]
Impact sur les jeunes : Les jeunes de moins de 29 ans sont particulièrement touchés, avec 55 % d’entre eux en détresse psychologique, et 60 % des salariés de plus de 60 ans .[4]
Absence pour raisons psychologiques : Les troubles psychologiques représentent 25 % des arrêts de travail de longue durée, dépassant les arrêts pour raisons physiques.[5]
Secteurs les plus touchés : Les professions médicales sont particulièrement vulnérables. Selon l’Observatoire MNH 2024, 58 % des médecins déclarent avoir été affectés par des troubles tels que la dépression ou le burn-out.[3]
Télétravail et déconnexion : Le télétravail, bien qu'offrant une certaine flexibilité, peut aggraver le burn-out. En 2024, 64 % des salariés éprouvent des difficultés à se déconnecter du travail .[6]
Groupes les plus vulnérables
Les femmes sont particulièrement exposées au burn-out, en raison de la double journée de travail (professionnel et domestique) et du présentéisme.[7]
Les moins de 30 ans, notamment les trentenaires, sont de plus en plus touchés par le burn-out, souvent en début de carrière professionnelle.[8]
Les cadres et managers sont également fortement impactés, avec des taux de détresse psychologique élevés.[4]
Conséquences organisationnelles
Le burn-out entraîne des conséquences significatives pour les entreprises, notamment une baisse de la productivité, une augmentation de l'absentéisme et des coûts liés aux arrêts maladie. En 2022, les arrêts maladie liés à des troubles psychologiques étaient estimés à 23 milliards d'euros par an, un montant qui pourrait augmenter dans les années prochaines.[9]
Ces chiffres soulignent l'urgence et la gravité de la situation. Les politiques de prévention et de soutien pour lutter contre le burn-out et préserver la santé mentale des travailleurs sont désuètes. Elles reviennent à poser un emplâtre sur une jambe de bois. Le mal est systémique.
En effet, le burn-out est un mal systémique car il ne résulte pas uniquement de vulnérabilités individuelles, loin de là, mais découle souvent, très souvent, trop souvent, de dysfonctionnements profonds dans les organisations et structures sociales.
D'une part, l'organisation du travail est marquée par une pression constante, une surcharge de tâches, des objectifs flous ou inatteignables, un manque de reconnaissance, voire une gestion toxique. Ces facteurs sont si courants qu'ils sont intégrés dans le fonctionnement habituel des entreprises ou institutions – les structures étatiques ne sont pas épargnées.
D'autre part, la culture de la performance a gagné toutes les strates de notre société. Dans de nombreuses entreprises ou administrations, la réussite professionnelle est un critère central d'estime de soi. Les individus sont poussés à dépasser leurs limites pour répondre à des attentes sans cesse plus élevées, souvent irréalistes.
Par ailleurs,l'individualisation du mal-être, autrement dit considérer le burn-out comme un problème individuel, participe à culpabiliser ceux qui en souffrent et contribue à renforcer cette course en avant. Toujours plus, toujours plus vite. Vers quoi ? L'épuisement de soi, parfois jusqu'à la mort. Le bon petit soldat ne se relève plus. Mais également l'épuisement de la Terre. Les burn-out en cascade sont les prémices d'un système à bout de souffle. Accuser l'insuffisance des soutiens institutionnels et tenter d'obtenir quelques dispositifs supplémentaires de prévention, d'écoute, ou de gestion des risques psychosociaux ne fera que reculer l'échéance et très faiblement. Il n'y aura pas de solution durable sans un changement de paradigme.
Le modèle économique dominant – le néolibéralisme – conduit à une optimisation incessante des ressources, humaines et matérielles. Il faut rentabiliser mais surtout gagner encore et encore des points de rendement. La CROISSANCE. Ce mot que l'on retrouve immanquablement dans la bouche de la plupart des politiciens, qui justifie toutes les frénésies, toutes les vilenies, les scandales, les corruptions, etc. Un vilain mot. Mais à qui profite-t-elle en fait, cette sacrée croissance ? Au salarié qui, tel un hamster dans sa roue, s'il s'arrête de courir est éjecté au-dehors ? Non, assurément non. Il ne récolte que des miettes. Il suffit de se pencher sur les chiffres. Les riches sont de plus en plus riches et les pauvres plus pauvres qu'auparavant. Les inégalités s'accentuent, tant au niveau des revenus que du patrimoine. Mais tout est fait pour que l'esclave ne réfléchisse pas à sa condition et qu'il continue de servir son maître.
Les logiques productivistes qui gouvernent le monde moderne se sont infiltrées jusque dans nos foyers. Changer de poste, changer d'entreprise, changer de boulot ne changera rien ou pas grand chose. Il n'y aura pas de solution durable au burn-out sans un changement de paradigme. Il semble que ce changement ne pourra venir que d'en bas car les décideurs actuels suivent la direction du vent. Il en va de leur réélection. Incarnons donc le changement que nous voulons. Un burn-out est une crise, autrement dit une invitation au renouveau. Servons-nous en de tremplin pour rebondir et construire une vie différente, respectueuse de soi, des autres et de la nature.
Bibliographie
[1]: https://www.observatoire-ocm.com/societe/chiffres-burn-out "Chiffres du burn-out : un phénomène en pleine expansion - observatoire-ocm.com"
[2]: https://www.elle.fr/Societe/News/44-des-salaries-francais-epuises-ou-en-burn-out-les-femmes-parmi-les-plus-touches-4116114 "44% des salariés français épuisés ou en burn-out, les femmes parmi les plus touchés - Elle"
[3]: https://info.medadom.com/professionnels-de-la-sante/les-chiffres-cles-du-burn-out-en-france "Burn-out en France : chiffres clés et professions les plus touchées"
[4]: https//:www.bfmtv.com/econoie/emploi/sante-mentale-au-travail-pres-d-un-salarie-sur-deux-se-declare-en-detresse-psychologiqe_AV-202311230684.html "Santé mentale au travail: près d'un salarié sur deux se déclare en détresse psychologique"
[5]: https://www.economiematin.fr/absenteisme-travail-trouble-psy-datascope-2024 "Travail : les troubles psychologiques représentent 25 % des arrêts de longue durée"
[6]: https://www.cfecgc-adecco.com/2024/10/5-chiffres-a-connaitre-sur-la-sante-mentale-au-travail-en-france.html "5 chiffres à connaître sur la santé mentale au travail en France | CFE-CGC ADECCO"
[7]: https//:www.lemonde.fr/m-perso/article/2024/04/05/marie-peze-specialiste-du-burn-out-le-presenteisme-au-travail-penalise-les femmes-devant-assumer-la-double-journee_6226156_4497916.html "Marie Pezé, spécialiste du burn-out : "Le présentéisme au travail pénalise les femmes devant assumer la double journée"
[8]: https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/03/22/le-burn-out-peut-frapper-tres-tot-trentenaires-et-deja-crames_6223395_4401467.html "Le burn-out peut frapper très tôt : trentenaires et déjà « cramés »"
[9]: https//:www.lemonde./fr/idees/article/2021/08/08/
l-impact-economique-du-declin-de-la-sante-mentale-sur-les-entreprises-francaises-ne-peut-plus-etre-ignore_6273187_3232.html "L'impact économique du déclin de la santé mentale sur les entreprises françaises ne peut plus être ignoré"Isabelle LEVERT
Psychologue clinicienne
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