La fausse humilité

Que cache le masque ?

Cet article est extrait du livre Les violences sournoises dans la famille, à paraître aux éditions Robert Laffont, début 2016.

Photo Pierre Levert - IrelandeNarcissique et humble, deux adjectifs qui semblent incompatibles l'un avec l'autre, sauf à interposer l'adverbe "faussement" entre eux. Ce dernier n'est pas à négliger car il vient également s'immiscer entre les partenaires amoureux.

Une personnalité narcissique peut se cacher sous les airs de l'humilité, rendant ainsi difficile de la démasquer et de repérer le trouble. Or, la faille narcissique que ces personnes sur-compensent a des effets néfastes sur la relation à l'autre. Narcissique et humble sont deux adjectifs qui semblent incompatibles l'un avec l'autre, sauf à interposer l'adverbe «  faussement  ».

Il existe des personnes qui affichent une grande modesties mais sont en fait narcissiques. Dans leur for intérieur, elles se placent au-dessus des autres. Ce qui, au premier abord, peut paraître contradictoire ne l'est pas quand on examine leur économie psychique. Les sentiments d'infériorité, jamais dépassés, servent à dissimuler leurs sentiments de supériorité (compensatoires) et à se démarquer des autres par ce trait de caractère socialement valorisé. Les pairs sont jugés prétentieux, donc moins biens qu'eux et méprisés en secret.

En société, le narcissique faussement humble reste en retrait jusqu'à avoir l'occasion d'étaler sa science et ses exploits. Sa jubilation est de courte durée car il n'est jamais convaincu de sa valeur intrinsèque. Comme tout narcissique, cet individu se vexe pour un rien. Toutefois, il ne le montre pas mais par la suite, il dédaigne ceux qui ont commis le crime de lèse-majesté. Il ne relativise pas et peu lui importe d'être objectif, il se cantonne dans le sentiment de son bon droit et de sa droiture. Se remettre en question lui est impossible.

En public, il donne le change mais dans le huis-clos familial, il brille par son manque d'enthousiasme. Il se refrène de partager quoi que ce soit. Il n'a besoin de personne. Quand l'autre se décompose, il jubile de se sentir fort et puissant. Pis, il peut mettre à sac le narcissisme d'autrui pour transvaser sa souffrance et mieux la dénier. Au mieux, il se laisse aimer et à condition que l'autre demeure à sa botte mais sitôt qu'il se rebelle et s'affirme, il se retranche. Dans son système de pensées, tandis que l'un est un ange, l'autre est un diable. De s'accrocher à ce statut à part, l'individu perd son humanité.

Isabelle LEVERT
Psychologue clinicienne
Psychothérapeute
Pernes les Fontaines (84)

Bibliographie :

LEVERT, I., Les violences sournoises dans le couple. Paris, Robert Laffont, coll. Réponses, 2011.

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