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Isabelle LEVERT

Psychologue clinicienne

Psychothérapeute

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Le harcèlement scolaire

Une violence sournoise

Le harcèlement scolaire touche un nombre toujours trop important d'élèves du primaire, du collège ou du lycée. Chaque personne encadrant les enfants ou les adolescents doit assumer sa part de responsabilité pour que cette maltraitance cesse enfin.


"T'es moche."
"On en a rien à faire de toi."
"Vous trouvez pas que ça pue ici  ?" (Question adressée à d'autres en présence de la victime).
"Pousse-toi de là  !"
"Oh, voilà Bubblegum !"
"Pff, t'as même pas d'amis"
"Non, mais t'as vu la tronche de sa mère ?!"

Les effets à court terme du harcèlement sur la victime sont  :

Ces symptômes sont évocateurs de violences subies et doivent alerter les adultes en charge des enfants ou des adolescents, en sachant que les victimes, la plupart du temps, n'osent pas avouer qu'elles subissent des comportements malveillants par honte ou par peur des représailles et de voir les brimades s'intensifier.

Les éléments suivant apparaissent dans la définition du harcèlement par le législateur (Code pénal art. 222-33-2-2)  :

Avec l’avènement des technologies de l'information et de la communication, le développement d'internet, des réseaux sociaux et l'usage intensif du téléphone portable, le harcèlement peut se poursuivre hors des murs de l'école, du collège ou du lycée et de façon anonyme  : messages humiliants, posts dégradants, diffamation, sms d'insultes, etc.

Le harcèlement n'est pas forcément une menace ou une atteinte physique. Le but n'est pas toujours le racket. Il peut se traduire en moqueries, railleries,... Il peut être aussi non verbal  : grimaces, regards méprisants, mimiques de dégoût, gestes obscènes. Il peut consister en propagation de fausses rumeurs. L'objectif peut simplement être une ostracisation (l'ostracisme est une forme d'exclusion délibérée d'une relation interpersonnelle ou d'une relation sociale) visant à faire rejeter la victime par les autres, y compris ses amis.

Il faut souligner que la réitération sur une longue période de micro-violences, difficiles à dénoncer et à repérer, est hautement destructrice.

Dans les grandes lignes, le harceleur se démarque ainsi  :

Il est fréquent que la victime soit désignée à partir d'une différence physique telle que la couleur de sa peau, de ses cheveux - les roux sont encore en ligne de mire au 21ème siècle -, son poids - les enfants en surpoids ou malingres s'entendent appelés par divers quolibets -, un handicap, un trouble du langage (bégaiement, bredouillement), une différence économique (plus pauvre, plus riche) ou sociale (ses origines, la profession de ses parents), sa moindre popularité, des centres d'intérêt différents, etc, ce qu'elle a en plus et qui suscite l'envie chez les autres. Tout et n'importe quoi peut servir de prétexte à en faire un bouc-émissaire qui devient la cible d'attaques, de haines. Sur elle, les autres défoulent leurs contrariétés ou tirent simplement une jouissance de se sentir puissants et à l'abri des émotions douloureuses qu'ils déclenchent chez leur proie.

Lorsque les victimes trouvent le courage de se confier, il est dramatique qu'elles ne reçoivent pas le soutien dont elles ont besoin. Des parents, pensant bien faire, répondent parfois  : « Il faut que tu t'endurcisses », « Essaie de ne pas accorder tant d'importance à toutes ces gamineries », « Tache d'être un peu moins sensible », « L'année prochaine, cela ira mieux », « Quand-même tu as peut-être fait quelque chose pour provoquer cela, tu devrais te remettre en question », etc. ou sont quelquefois démunis face à des membres du personnel encadrant qui préfèrent minimiser plutôt que de prendre le problème à bras le corps ou qui sont dans le déni de la cruauté dont peuvent être capables des enfants ou des adolescents. Des enseignants feignent de ne rien voir, de ne rien entendre, considérant peut-être que ce sont des «  histoires entre gosses  » ou que cela ne fait pas partie de leur mission que d'intervenir. Il faut noter que tout membre du personnel éducatif est tenu d'avertir le procureur de la République dès lors qu'il a connaissance de faits de harcèlement.

Les camarades de classe sont souvent témoins du harcèlement mais manquent de repères pour ne pas amalgamer délation et non-assistance à personne en danger. Ils peuvent également redouter de rejoindre le rang des persécutés s'ils se désolidarisaient du meneur de ce jeu malsain. Ils peuvent aussi être des spectateurs plus ou moins actifs, dont les rires accroissent le pouvoir ravageur des nuisances et encouragent le bourreau à poursuivre ou dont les actes délibérés en font de véritables complices.

Les responsabilités sont collectives et quand elles ne sont pas assumées, les victimes perdent confiance en l'autre et dans la possibilité d'être aidées.

Il est indispensable d'agir rapidement car le harcèlement scolaire constitue un traumatisme grave dont les effets peuvent avoir des retentissements importants tout au long de la vie de la victime  : sentiment de honte, manque d'estime de soi, conduites d'évitement des interactions avec autrui, isolement... et modifier définitivement la trajectoire de vie, marquée par ces violences morales précoces.

La méthode Pikas, du nom de son auteur, fut développée en Suède dans les années 70 pour remédier au harcèlement, analysé comme un phénomène de groupe. Elle consiste à mener par les adultes de l'établissement scolaire une série d'entretiens courts avec chaque élève du clan des intimidateurs afin de les sensibiliser à la souffrance de la victime et d'encourager chez eux une préoccupation pour elle. Dans le même temps, des entretiens plus longs sont menés avec la victime pour lui permettre d'accueillir positivement le changement et de saisir les mains tendues.

Cette méthode donne de bons résultats mais doit être couplée avec une fermeté exemplaire à l'égard des instigateurs des faits, dont les comportements et propos délétères doivent être systématiquement sanctionnés. Une tolérance zéro est primordiale face à l'inacceptable. En ce domaine, en France, il y a encore beaucoup de chemins à parcourir.

Deux numéros verts sont mis à disposition des victimes : 

- Le 3020 qui est un numéro vert gratuit disponible de 09H00 à 18H00 du lundi au vendredi.

- Et le 0 800 200 000 numéro vert "net écoute" pour les cas de cyber-harcèlement.

* Avant d'être auteurs de violences, ces jeunes ont probablement été victimes. Pour de plus amples développements, voir la référence bibliographique : LEVERT, I., Les violences sournoises dans la famille, Paris, Robert Laffont, Coll. Réponses, 2016.

Isabelle LEVERT
Psychologue clinicienne
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