Psychologie du développement

3. Orientation psychanalytique

3.8.4. Le Je désirant

            Freud disait que tout homme a 2 objets d’amour :

- 1er objet d’amour : lui-même, c’est la position narcissique. J’aime l’autre pour ce que je retrouve chez lui de moi. (cf. Mythe de Narcisse).

Le stade du miroir est formateur du je par la trace d’un moment d’assomption jubilatoire, due à l’illusion de se trouver tout entier, celle de croire que l’image, c’est soi. Or, l’image, ce n’est qu’un reflet nommé. Par le refoulement originaire, l’amputation de jouissance est irrémédiable, le sujet est divisé. Pour parler, il a dû renoncer à être le phallus et accepter d’être assujetti au manque à être. Le narcissisme primaire est cette quête de l’être sans division, sans perte, pour être à nouveau un, complet, pour être pour soi-même objet d’amour, c’est-à-dire sans aucun manque.

L’expérience du miroir, par la trace de l’illusion d’avoir trouvé ce dont il a été amputé, origine la quête désirante, la compulsion de répétition pour trouver pareil mais cela rate toujours. Ces ratées inscrivent d’autres traces. Ces traces représentent le sujet de l’Ics qui est le support du désir. Le désir n’est pas figé à la trace, il ne comporte pas d’objet particulier, il est dans le mouvement qui fait qu’on recommence.

Par ailleurs, le « c’est toi » (le reflet nommé) fait à la fois fermeture (on ne peut revenir en arrière) et ouverture puisqu’il supporte l’image de l’objet perdu et symbolise la quête (moi et pas tout à fait moi). A partir du moment où cette désignation a eu lieu, le moi commence à se construire.

- 2ème objet d’amour : la femme qui a donné les 1ers soins

Mythe oedipien : “On n’a jamais vu un fleuve retourner à sa source. Non seulement tu ne jouiras plus de la chose mais tu perdras même jusqu’au souvenir d’en avoir joui.”

Dans un 1er temps, je veux trouver ce que j’ai perdu mais ce mouvement se heurte à la Loi. Il me faut renoncer et construire un objet de retrouvaille, marqué du sceau du manque et donc de l’imperfection. Chaque expérience de séparation et principalement le refoulement originaire qui est venu entériner la séparation avec la mère laissent des traces concernant à la fois la chose quittée et un bout de moi-même. Ces traces (Rch articulées aux Rm) sont réactivées lorsque le sujet rencontre chez l’autre ce point de jonction entre la jouissance et sa représentation psychique. Le désir, qui est articulé à la pulsion, est mis en branle par un trait de l’objet : le trait unaire. Ce trait unaire est ce qui, dans les répétitions successives, unifie, donne un sens à la quête de la retrouvaille. Le désir vise toujours un objet partiel, tandis que l’amour vise l’objet total. Il habille l’objet de la pulsion. A son point d’origine, il a quelque chose de narcissique primaire, c’est l’illusion de la conjonction avec l’image (la passion est une folie). Il n’y a pas d’amour sans illusion, sans figuration de l’objet si bien que toujours, un jour ou l’autre, il y a une reconsidération du jugement d’existence. Celui-ci contribue à dire quelles sont les différences et les similitudes entre l’objet de ma représentation et l’objet rencontré qui sont acceptables pour moi. “On ne trouve pas l’objet, on ne fait que le retrouver mais pour cela, il faut au préalable que l’enfant ait connu des objets qui procurent une réelle satisfaction” (Freud).

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