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Isabelle LEVERT

Psychologue clinicienne

Psychothérapeute

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Le drame du sujet mythomane

Portrait psychologique

Cet article, extrait du livre "Les violences sournoises dans le couple"(édition Robert Laffont), a pour objectif de dresser un portrait psychologique de l’homme aux prises avec la mythomanie. On comprendra comment il est prisonnier d’une spirale infernale, pathologique et pathogène, dont il ne peut sortir qu’à condition d’affronter les démons qui le rongent, d’oser traverser une crise identitaire majeure, jusque là escamotée.

photo sault vaucluse 84Aux tous premiers temps, cet homme est adorable. Il se montre à l’image de ce dont il rêve : être aimé. Il se comporte comme il voudrait qu’on soit avec lui, plein de tendresse, de douceur. Son discours trahit cette intensité qu’il recherche et qu’il vit dans l’instant, confondant la réalité et l’imaginaire. Il se projette sans limite dans l’idéal. La séduction à laquelle il se livre a sur elle un effet hypnotique. Littéralement, il l’enveloppe d’assurance. Sa sensibilité exacerbée capte tous les doutes, tous les manques, et il y répond immédiatement. Ses promesses sont absolues, telles que « je ne te ferai jamais de mal », ne mesurant pas le fossé d’une telle utopie. Il doit être parfait, grâce aux artifices du leurre si besoin, pour rencontrer l’amour.

Il ne supporte aucune distanciation de la part de la femme sur laquelle il a jeté son dévolu. Elle est devenue celle qui peut tout pour lui. Sans cesse, il quémande des mots d'amour et se veut plus charmant qu’un prince pour être aimé en retour pour toujours. Mais, tel qu’il est, il est convaincu qu’il ne mérite pas cette ultime faveur.  Illusionner est une question de survie. Il s’identifie totalement à qui il voudrait être et travestit la réalité, saisi par une force perverse qui le traverse et le dépasse. Il arrange les composantes de sa vie passée, présente et à venir, afin que la pièce soit conforme à son rêve, afin de conserver sa victime, tellement immergé dans son théâtre qu’il excelle en tant qu’acteur. Le mensonge s’adresse à lui-même avant d’être destiné à l’autre. De plus, à ces yeux, il ne peut être qu’insignifiant car il ne touche pas en essence l’animal meurtri caché sous le costume qui attend simplement de pouvoir aimer corps et âme sans risquer à nouveau d’être balancé au fond du précipice. Dommage qu’il soit si bien caché !

La comédie est tragique. Le scénariste a négligé un détail important. En face de lui, il n’y a ni un spectateur passif, ni une marionnette de chiffon mais une autre actrice. La toile tissée est de plus en plus distordue jusqu'à ce que les incohérences se percutent. Le réveil frappe en plein cœur, la confiance se brise et l’échafaudage s’effondre. A sa place, la manipulation se déchaîne dans toute son horreur et l’homme démasqué évacue sa rage. Être destitué lui est intolérable. Il dévoile un jeu pitoyable qui n’ensorcèle plus personne, bien au contraire. Alors qu’il s’est saboté tout seul, il accuse l’autre de n’être pas à la hauteur et se défend en attaquant ce qui ne trompe plus que lui-même une fois de plus, une fois de trop. Embourbé dans ses tromperies, il répète le même cycle argumentant pour faire effet qu’il a changé, qu’il a compris, etc., énonçant des faits fictifs pour appuyer ses dires. Le drame, c’est qu’elle n’espère plus rien, elle s’est détournée et continue son chemin, seule, soulagée de l’être. On ne peut aimer que libre.

Le lecteur intéressé par le sujet peut utilement consulter la première partie du livre "Les violences sournoises dans le couple", écrit par le même auteur.

Bibliographie

LEVERT, I., Les violences sournoises dans le couple. Paris, Robert Laffont, coll. Réponses, 2011.

Isabelle LEVERT
Psychologue clinicienne
Psychothérapeute

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