Psychologie du développement

2. Orientation psycho-sociale (suite)

Cycle d’achèvement de la personne,

1.      le stade catégoriel, avec apparition du pouvoir d’autodiscipline mentale. Il est aussi appelé stade de la personnalité polyvalente (de 6 à 11 ans), où l’enfant participe à la vie de plusieurs groupes (famille, école, etc.). Il a désormais la capacité de prendre des rôles différents, d’influencer le groupe, avec des comportements de coopération, de solidarité,… Ce sont les échanges sociaux qui permettent le dépassement de la rivalité et du dénigrement. On peut distinguer la période précatégorielle (6 à 9 ans), caractérisée par le syncrétisme, c’est-à-dire une appréciation globale et indifférenciée des choses, sans différenciation entre ce qui est important et ce qui ne l’est pas, et la période catégorielle (9 à 11 ans), où apparaissent la capacité de comparaison et les progrès du raisonnement logique[1].

2.      le stade de la puberté et de l’adolescence (de 11 à 16 ans). C'est une crise très aiguë, grâce à laquelle l'enfant découvre les valeurs sociales, morales, culturelles... qui deviendront ses propres valeurs.

Pour Wallon, l’émotion et l’acte moteur sont donc très importants mais aussi l’imitation. Il faut entendre le terme de imitation dans le sens d’imitation différée, par opposition à l’imitation précoce, compétence observée chez les nourrissons (protusion de la langue, vocalisation, mouvements manuels,...). Il faut noter que certains auteurs soutiennent la présence, dès la naissance, de représentations qui assurent l’existence des imitations précoces. Pour Meltzoff, il s’agirait de représentations a-modales, c’est-à-dire non associées à une modalité sensorielle particulière. Pour Vinter, il y a 2 processus en jeu pour imiter : l’identification et l’appariement entre les corps des 2 partenaires. Pour Piaget et Wallon, l’imitation différée est une des sources de l’intelligence représentative.

            Pour Wallon, l’imitation différée est ce qui permet à l’enfant de développer ses compétences à sémiotiser le réel, à le mettre en représentation. La représentation est définie comme un moyen de liaison entre un signifiant et un signifié. Cette capacité à construire une signification implique un dédoublement entre quelque chose et son signifiant, ce qui se fait progressivement. Au début, l’enfant est dans le fusionnel. Ensuite, sa participation émotionnelle et posturale construit la relation. A la phase de contemplation, participation, symbiose succède la phase de reproduction, d’élaboration posturale et gestuelle. C’est en ce sens que l’imitation implique un dédoublement entre participation et reproduction. C’est là que l’imitation est le prélude à la symbolisation, à l’intelligence représentative. On comprend pourquoi des enfants qui sont toujours dans une relation fusionnelle avec leur mère n’ont pas accès au symbolique. C’est le cas des psychotiques.

            Selon Piaget, la fonction symbolique apparaît vers 18-24 mois et permet d’évoquer une réalité absente. La représentation commence quand il y a une différenciation entre l’objet et l’évocation de l’objet. Il étudie la dialectique entre l’accommodation (modification du sujet) et l’imitation (modification des comportement pour donner du sens au monde), entre l’assimilation (modification du monde) et le jeu symbolique (permet de digérer le monde en le rejouant). D’après lui, l’imitation permet le passage entre la sensori-motricité et la représentation. « L’imitation est une préfiguration de la représentation, c’est-à-dire qu’elle constitue au cours de la période sensori-motrice une sorte de représentation en actes matériels et non pas encore en pensée ». Ensuite, l’acte se détache du contexte et devient une représentation en acte. Quand l’imitation est intériorisée (Piaget et Inhelder, 1966) se constitue l’image mentale. D’ailleurs, Luquet a aussi mis en évidence le fait que l’enfant s’inspire du modèle interne qu’il a de l’objet, y compris en situation de copie. Les images mentales peuvent être parcourues comme une figure réelle.

[1] Le test de Burt sur les trois petites filles dont l’une a les cheveux plus foncés que la deuxième, mais plus clairs que la troisième : “Laquelle est la plus foncée ?” ne peut être résolu avec facilité et certitude tant que l’enfant ne sait pas projeter les couleurs énoncées sur le fond de la couleur catégorie, c’est-à-dire d’une couleur qui soit devenue indépendante de tous les objets particuliers et puisse servir à les classer. De même, l’absurdité de la phrase où l’enfant se compte lui-même parmi les trois frères qu’il prétend avoir ne peut être dénoncée ou expliquée, si la qualité de frère reste liée à l’individu, au lieu d’être un ordre détaché de chacun et en particulier du sujet, de telle sorte qu’à leur qualification absolue soient substitués des rapports interchangeables de l’un à l’autre.

retour

© Les textes édités sur ce site sont la propriété de leur auteur.
Le code de la propriété intellectuelle n'autorise, aux termes de l'article L122-5,
que les reproductions strictement destinées à l'usage privé.
Tout autre usage impose d'obtenir l'autorisation de l'auteur.