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Isabelle LEVERT

Psychologue clinicienne

Psychothérapeute

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l'orientation scolaire

une décision qui doit s'inscrire dans un projet de vie

Certains jeunes savent très tôt quel métier ils souhaitent exercer, d'autres non. Pour les premiers, l'orientation scolaire est assez simple puisque le choix de leur profession détermine la voie à suivre. Pour les seconds, elle se complique, d'autant plus que le système scolaire impose d'opérer des choix relativement tôt, parfois trop tôt et que, selon les filières suivies, les portes restent ouvertes ou se ferment, l'accès à telle ou telle formation est possible ou ne l'est plus.

Choisir, c'est renoncer ! Chacun espère prendre la bonne décision, surtout avec le spectre du chômage autour de soi. Il ne se passe pas une semaine sans que les médias ne soulignent les effets de la crise : difficultés à trouver un emploi, à le garder, précarité, etc. La perspective de se tromper est donc angoissante, que ce soit pour les jeunes ou leurs parents. Est-il préférable de choisir une profession qui corresponde à ses affinités ou qui présente les meilleures chances d'obtenir un poste ? Idéalement, il faudrait que les deux critères soient satisfaits mais quand ils ne le sont pas, qu'est-ce qui doit être déterminant ? Il n'y a aucune réponse toute prête. En effet, des jeunes peuvent trouver un emploi dans un secteur bouché parce qu'ils sont passionnés, tenaces et prêts à diverses concessions (déménagement, salaire moindre, etc.) pour réussir. D'autres, ayant opté pour un secteur qui embauche, peineront à aller au bout des études parce que la motivation leur manquera ou s'intéresseront aux enseignements mais ne parviendront pas à se projeter dans leur futur travail parce qu'il ne leur convient pas... D'autres encore exerceront tel ou tel métier et puis ressentiront la nécessité de modifier radicalement le cours de leur vie pour faire quelque chose qui leur plait plus et redonne du sens à leur vie...

Une personne sur deux occupe un emploi qui ne correspond pas à sa formation initiale. Les explications de ce phénomènes sont nombreuses : choix de formation trop précoce et réorientation, lassitude pour le premier métier, opportunités fournies par le marché de l'emploi, reconversion suite à une perte d'emploi, etc. L'époque où on exerçait toute sa vie le même métier est révolue. Dans la société actuelle et de demain, changer de profession au cours de sa carrière sera monnaie courante. On remarque qu'aujourd'hui, les personnes les plus diplômées sont celles qui opèrent le plus facilement un virage dans leur vie professionnelle. De plus, perdre son travail engendre souvent une situation critique, du fait de la perte de revenus, du statut, des relations sociales, etc. mais cette crise contient un potentiel de changement pour qui en a besoin et ose l'exploiter. C'est comme un carrefour dans l'existence qui permet de donner une autre direction à sa vie si on le désire. Voilà qui devrait alléger quelque peu la décision quant à l'orientation scolaire et professionnelle.

L'orientation scolaire devrait toujours s'inscrire dans un projet de vie. Au début de l'existence, ce projet est porté par les parents pour l'enfant. Progressivement, sa responsabilisation doit permettre qu'il acquière de plus en plus d'autonomie et qu'il prenne lui-même les rennes de son existence entre ses mains. Cela prend du temps et ce niveau de maturité n'est pas atteint par tous les jeunes au même âge. L'orientation scolaire commence dès le CP (1ère année de primaire), avec le soutien apporté aux enfants pour réaliser leurs devoirs, apprendre leurs leçons et qui doit se poursuivre aussi longtemps que nécessaire, en veillant toutefois que l'enfant ne se repose pas sur une prise en charge qui viendrait se substituer à ce qu'il doit faire lui-même pour lui-même. Les parents sont dans leur rôle quand ils attendent que leur enfant donne le meilleur de lui-même et l'obligent à fournir cet effort, à ne pas s'engouffrer dans la solution de facilité. Oui, c'est une sorte de souffrance que de rester assis(e) pendant des heures à bûcher mais on n'a rien sans rien et il ne s'agit pas d'être trop conciliant avec une certaine paresse ou de tomber dans le piège qu'ils nous tendent quand ils disent trop rapidement : "j'y arrive pas, y a trop à étudier, etc." Gronder ne suffit pas, il faut veiller à ce que les conditions soient réunies pour que le travail soit effectivement fait et bien fait, quitte à supprimer la télévision si l'enfant se plaint de manque de temps, à appliquer des sanctions s'il se montre de mauvaise volonté et à récompenser lorsque les résultats sont là mais aussi à lui concocter des exercices supplémentaires d'une part pour qu'il puisse bien assimiler la matière, d'autre part pour qu'il puisse le vérifier.  Il est indispensable de s'investir, de lui consacrer du temps et de l'énergie et d'avoir confiance dans ses capacités. Petit à petit, à force de faire l'expérience du succès, l'enfant augmente sa confiance en lui.

Si le retard s'accumule, le rattraper peut sembler insurmontable et ainsi trop d'enfants décrètent qu'ils ne sont pas faits pour les études et se dirigent vers un métier pour lequel la formation est courte, si possible en apprentissage, ou ne leur demande pas de remettre leurs connaissances à flot en maths, en langues, ... Ces jeunes-là font un choix négatif. "Je veux faire un CAP de plomberie parce que l'école c'est pas pour moi", "Je me suis inscrite en sociologie parce que je suis nulle en math", etc. Un choix positif donnerait d'autres types de réponses : "J'ai toujours adoré travailler de mes mains et j'aime souder", "La sociologie, c'est pour moi une évidence tant les questions de société m'intéressent", etc. Laisser l'enfant complètement libre de choisir son orientation scolaire sous prétexte de ne pas interférer équivaut à une sorte de démission parentale. Il s'agit d'être vigilants quant à la façon dont se construit l'avenir de l' enfant, dont le bonheur dépendra au moins en partie de son avenir professionnel. Le travail occupe toute la journée, cinq jours de la semaine, onze mois sur douze, jusqu'à l'âge de 67 ans ! Lorsque le conseil de classe s'est prononcé, il est trop tard pour réagir et encore plus pour agir sauf à faire redoubler l'enfant pour qu'il récupère ainsi une liberté de choix. Le redoublement peut être une très bonne chose à condition qu'il ne soit pas vécu comme une année de vacances, que l'enfant ait bien intégré la nécessité de travailler plus pour se mettre au niveau et être en mesure de rester l'acteur de sa vie. Dans ce cas, le redoublement est une chance accordée pour approfondir ses connaissances et repartir avec de bonnes bases. Au final, en prenant le temps, on aura gagné du temps. Il serait dommage de renoncer à un rêve réalisable.

Un proverbe dit " tout est intéressant pour peu qu'on s'y intéresse". Pour tout esprit curieux, c'est vrai si bien qu'il arrive que les études soient menées avec brio sans pourtant que le jeune ne se projette dans son futur métier. Le diplôme décroché, c'est le vertige ! Quand le projet professionnel prend forme, il est intéressant de rencontrer des professionnels en exercice afin de comparer les représentations que l'on se fait du travail avec la réalité du terrain. Il y a parfois un décalage si grand qu'après la formation c'est le désenchantement. Une enquête préalable aurait peut-être permis d'éviter ce désillusionnement et de s'orienter différemment. De plus, palper d'un peu plus près le métier pour lequel on se destine peut accroître la motivation au travail et faciliter grandement l'acceptation des contraintes et du labeur. Certains jeunes peuvent se montrer un peu timide pour entamer ces démarches, il est bon alors de les pousser pour qu'ils fassent le pas.

En conclusion, deux choses sont décisives pour effectuer un bon choix : se connaître suffisamment (ses envies profondes, ses talents, ses intérêts, etc.) et disposer d'assez d'informations sur le ou les métiers envisagés de façon à vérifier qu'il(s) corresponde(nt) à son projet de vie. Ensuite, se documenter sur le(s) chemin(s) à parcourir pour atteindre cet objectif, c'est-à-dire quelles sont les formations qui y préparent ?, quelles sont les conditions requises pour s'y inscrire ?, quelles sont les modalités d'obtention du diplôme ?, etc.

La question de l'orientation scolaire arrive sur le tapis la plupart du temps en pleine adolescence, au moment où le dialogue parent-enfant est délicat. Le recours à une personne extérieure peut s'avérer précieux pour aider le jeune à faire le point, à découvrir qui il est, ce qu'il attend de la vie, de son métier, à réfléchir à la concordance entre son tempérament, ses intérêts et l'activité envisagée, mais aussi entre ses aptitudes et la formation requise etc.

Isabelle LEVERT
Psychologue clinicienne
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