Psychologie du développement

3. Orientation psychanalytique

3.8.3. L'outillage face à la castration

            A partir du moment où le deuil est fait, l’objet de la pulsion est pris dans le prisme du fantasme. Le fantasme vient conjoindre à la fois les exigences pulsionnelles et leurs représentations psychiques et les représentations de la contrainte qu’impose la réalité sociale. Du fait que le fantasme se constitue autour de la refente, il est commun à toutes les structures. Celles-ci déterminent la façon dont le sujet est outillé pour faire face à la castration, c’est-à-dire au fait que la jouissance ne peut être totale.

Face à l’autre qui dit la Loi, il y a différentes possibilités :

-         le refoulement : qui forme le noyau hystérique commun à toutes les névroses ;

-         le déni : qui signe la perversion et qui nécessite le clivage du moi car pour dénier, il faut reconnaître le manque ;

-         la forclusion du signifiant du Nom-du-Père : qui est caractéristique de la psychose. La castration est imposée sans que l’on ait été outillé. Ce qui est forclos du symbolique fait retour dans le réel.

            La santé mentale, c’est une intrication des pulsions de vie (Eros) et de mort (Thanatos), le passage d’une énergie libre à une énergie liée. La parole résulte de la liaison en petites quantités entre Rch (jouissance) et Rm (impact de la Loi sur la Chose). Elle permet que ça s’adresse à l’autre (objectalisation vs désobjectalisation et narcissisme mortifère). Cette liaison donne aussi les formations de l’Ics qui essaient de franchir la censure sous forme de déguisement pour accéder au Pcs - Cs. Le devenir de ce mixte est le refoulement et le produit est à nouveau délié car c’est la déliaison dans l’Ics. La Rm concerne aussi l’Ics.

            Le conflit peut être mis en scène de différentes manières, qui caractérisent soit la névrose hystérique, soit la névrose obsessionnelle, soit la névrose phobique. Freud dit : pour qu’il y ait névrose, il faut qu’il y ait eu dans un 1er temps traumatisme (notion d’après-coup), avec une représentation du trauma et le refoulement de cette représentation parce que trop près de la jouissance interdite. Quand le refoulement réussit, il y a une période de santé apparente. Qui dit refoulement, dit retour du refoulé (retour de la représentation d’une jouissance pulsionnelle. Ex : L’homme aux rats, retour de la menace quand il y a rencontre avec une femme). Or, il y a 2 modes de représentation psychique de la pulsion, l’affect et les vorstellung qui accèdent à la conscience. Le moi se défend toujours contre le retour du refoulé par un mécanisme qui sépare l’affect de l’idée représentante.

- Hystérie de conversion : Conversion de l’affect sur un organe du corps qui a une valeur symbolique. L’idée représentante (qui tourne toujours autour du sexe), qui est un mixte entre Rch et Rm, est à nouveau refoulée (amnésies et à la place, fabulation : elle n’a pas été assez aimée).

- Névrose obsessionnelle : L’obsessionnel ne refoule pas mais raconte de façon désaffectée, il est douloureux pour un truc anodin. L’idée obsédante s’est constituée par un déplacement de l’affect sur un contenu de pensée neutre.

- Névrose phobique ou hystérie d’angoisse : Déplacement de l’affect d’angoisse sur un objet extérieur qui fonctionne comme un alibi. A la longue, l’objet ne suffit pas pour contenir l’angoisse et il s’y en ajoute d’autres. “L’objet qui est le support de la phobie fonctionne comme un signifiant à tout faire de la castration symbolique ratée” (Lacan). La phobie est une dérive de l’Imaginaire que l’ordre Symbolique ne contient plus. Certaines phobies viennent par la suite (après l’infantile) comme un mécanisme défensif contre la déréalisation psychotique si bien que ce qui compte, ce n’est pas le symptôme mais le discours[1] autour du symptôme.


[1] A titre d’exemple, la réponse d’une patiente à la planche III du test de Rorschach : « J’ai l’impression que cela se passe au Congo, qu’y a des enfants qui meurent. Je vois le sexe masculin aussi avec deux bonhommes et les règles. C’est tout. Je vois rien d’autre. 1’10’’ Je peux vous dire quelque chose ? Je prends la pilule en continu pour ne pas être réglée, voir du rouge, ne plus me salir là-dedans. J’ai rêvé que j’étais noyée de sang, que tout se vidait par là. »

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