Ce monologue imaginaire pour se mettre dans la peau d'un pervers narcissique et comprendre son mode opératoire.

Moi pervers,

 

Au commencement, je n’étais qu'un apprenti prédateur. Il m'a fallu des années pour me perfectionner.

A l’école, avec mes camarades de classe, mes professeurs, dans mon milieu professionnel, ma famille, avec les amantes du moment, je tisse ma toile et, comme une araignée, je me repais de leur substance. Sans scrupule  !

Sous le sourire de circonstance, se dissimule ma face hypocrite et mes lèvres émaciées barrent ma bouche d'un trait cruel. En quelques sortes, je me maquille et me déguise.

A tous, je donne l'image lisse d'un aimable garçon, bien sous tous rapports, qui ne ferait même pas de mal à une mouche. Le gendre idéal en somme !

J'ai compris le mécanisme des femmes et celles avec lesquelles je pourrai asseoir ma féodalité.

Ne suis-je point le Maître de la manipulation ?

Dieu que le temps passe vite  ! Mon horloge me rappelle à l'ordre. Il est temps de me mettre en quête d'un "ventre".
Transmettre mon héritage, perpétuer ma lignée et laisser mon nom à la dynastie.

Je serai leur gourou, ils seront mes disciples et ces petits crétins boiront mes paroles.

Ça y est, j'ai repéré, mon ventre  ! Je sais reconnaître parmi mille femelles celle qui sera ma victime. Pas trop moche, pas trop sotte, fragile et forte à la fois.

Elle a ce que je n'ai pas, elle est ce que je ne suis pas et ne serai jamais.

Moi œil de lynx, je vois ses failles.

Elle a le profil idéal. Elle est généreuse, empathique, attentionnée, mais, n'ayant qu'une confiance relative en elle, invariablement, l'inquiétude est son quotidien.

Une bon samaritain verrait ses qualités, l'aiderait en la rassurant la poussant à se surpasser.

Je suis un prédateur. La bienveillance n'est pas inscrite dans mes gènes.

La séduire sera un jeu d'enfant. Je vais la façonner tel un Pygmalion.

Il suffit de lui porter un peu d'attention, lui déclarer ma flamme, lui faire croire en mon amour éternel et, très vite, lui devenir indispensable… puis, hésiter, revenir, repartir et encore hésiter… jeter ma ligne toujours plus loin. Force est de constater qu'elle gobe l’hameçon à chaque fois. Je suis tel un pêcheur qui utilise un leurre pour appâter un poisson.

La conne m'aime, elle appelle ça de l'amour. Moi, je traduis ça par stupidité !

Je suis son Eau de Vie. Elle est ma chose mais ne sera jamais ma femme. D'ailleurs, aucune ne mérite ce titre.

Elle est Mon Ventre et porte Mon engeance  !

Je lui fais la grâce d'être mère mais elle n'aura ni reconnaissance ni respect. Elle n'est qu'un objet utile, du moins pour le moment.

Voyons  ! Je ne m'embarrasse d'aucun sentiment  !

Je construis ma famille comme on bâtit une forteresse, j’érige des tours de guet, des remparts pour la protéger de toutes pollutions externes. Je compartimente, triche, trompe, mens et manipule.

Comme un braconnier, je tends mes collets posés ça et là et capture mon gibier.

A ma famille, je prétends que ma femme ne les affectionne pas. Je narre une fiction pour qu'elle compatisse à ma peine. Je fabule, invente, brode et distille la toxine de l'ignominie.

Ainsi, je disperse les miasmes de l'exécration et de la rancœur contre cette pièce rapportée, qui a l'immense privilège d'appartenir à mon clan. Et, immanquablement, au ventre je dis le contraire.

Diviser pour mieux régner, c'est ma devise.

Elle, le ventre, je la tiens sous ma coupe. Elle n'est rien, ne possède rien et ne demande rien !

Normal. Elle me vénère. Ne lui ai-je pas permis son rêve  ? Avoir sa famille.

Je la vampirise et, goulûment, me nourris d'elle. Je jouis, ricane, savoure, me délecte de sa candeur  !

En vérité, je n'ai pas de cœur. Je n'ai de l'adulation que pour mon image face au miroir. Trêve de plaisanterie, l'amour est pour les faibles !

Par choix et pour ne pas m'encombrer avec des tâches qui me font perdre mon précieux temps, je lui ai confié l'éducation des morveux. Dévouée, elle est investie auprès de sa progéniture. Sa tendresse est sans limite. Elle se sent pousser des ailes.

Ils sont sa sève, sa fierté. Polis, charmants, excellents élèves, brillants en société et beaux garçons de surcroît !

Eh  ! Oh ! Je veille aux grains, rien ne m'échappe, ils sont mes créatures. J'observe comme un serpent tapis dans l'ombre.

Parfois, quand une complicité s'ébauche entre eux, je rectifie le tir ! Je prends un malin plaisir à les voir baisser les yeux et à sentir leur crainte d'avoir mal fait. Comme il se doit, je les gratifie ou les tyrannise suivant mon humeur… Chaud-froid. A ce jeu, je suis imbattable  !

J'insinue et dilue le doute avec récurrence. Un poison invisible. Par ma stratégie démoniaque, je veux détruire la figure maternelle et bienveillante qu'elle représente dans leur inconscient, effacer le moindre souvenir d'affection. Je grave dans leur mémoire, comme je le ferais sur un disque dur, une nouvelle histoire, celle qu'ils imprimeront dans leur anamnésie. (1)

Aussitôt que je suis seul avec eux, je les prends pour confidents  : -"Oh  ! Si vous saviez mes pauvres garçons combien votre père est chagrin".

Je déplore mon manque de présence à leurs côtés. -"Si cela ne dépendait que de moi, je vous aiderais à faire vos devoirs, je vous emmènerais en balade, faire du vélo et vous ferais découvrir la nature comme votre papy l'a fait avec moi, quand j'étais enfant. Mais, voilà votre mère est une vilaine et veut vous garder pour elle. Cela m'attriste de voir votre maman vous éloigner de moi."

Je susurre à leurs innocentes oreilles  : -"Maman préfère rester à la maison pour ne pas travailler. C'est pour ça qu'elle s'occupe de vous, mais elle ne vous aime pas."

Je calomnie jusqu'à asséner la phrase assassine : -"Mes petits chéris, votre maman devient folle  !"

Bientôt, au moment opportun, ils désavoueront leur mère et, avec cynisme, abandonneront le ventre sans une once de remord.

Les graines du mal ont germé, le blé a poussé et le voici mûr. Passons à la récolte  !

Les enfants ont grandi et me sont assujettis. Le bénéfice d'un long travail de sape.

Il est temps pour moi de me débarrasser du paquet encombrant et de partir en chasse. Mon estomac crie famine. Il me faut de la chair fraîche  !

Ne me regardez pas comme ça !!! Oui, je sais ce que vous pensez... Je suis un être abominable. Vous n'avez aucune idée du labeur qu'il faut accomplir pour faire de sa descendance son double remarquable  ! Le marionnettiste c'est moi. Eux ne sont que des pantins  !

Au fil du temps, j'ai pris grand soin à éloigner les connaissances du ventre, à semer la zizanie pour mieux l'isoler. Ainsi, elle a appris à vivre dans sa prison qu'elle croit dorée. Sa bulle de savon peut à tout moment éclater par ma seule volonté... Quelle bécasse  !

Pour que mon plan fonctionne et mon ouvrage soit couronné de succès. Je dois m'allier la soi- disant copine du ventre. Sciemment, je l'ai laissée la fréquenter sachant qu'elle me serait tôt ou tard utile. Je ne laisse rien au hasard.

Naïve, elle ne voit pas la malignité, ne soupçonne pas que sa grande amie, sa confidente, l'envie  !!!! Elle transpire de convoitise. Cela crève les yeux. Même un aveugle pourrait voir la duplicité de l'autre et qu'elle feint l'amitié. Parfois, je me demande comment elle a fait pour rester une oie blanche dans ce monde de brutes.

Je profite de chaque occasion pour me rapprocher de la pétasse, jouant mon Caliméro à merveille, gémissant sur mon sort, lui confessant -"Je suis un homme battu." Je n'ai aucune limite pour arriver à mes fins. Et, la morue ne tarde pas à vouloir me consoler !

Mon simulacre atteint des sommets. Je m'amuse et la manœuvre à souhait.

La gorgone (2) se lâche et dévoile la noirceur de son âme en déversant sa haine. Sa jalousie est une bénédiction. La garce est convaincue de m'avoir séduit pour se venger de sa rivale alors que je tire parti d'elle.

C'est jubilatoire mais, putain, qu'elle est moche la pouffiasse avec ses dents de travers, la fesse molle et les nichons en gant de toilette. La victoire n'est pas loin, seul compte le résultat. Je ne suis plus à un sacrifice près en payant de ma personne. Je me prostitue et fais dans le glauque  !

Voilà, elle est acquise à ma cause.

Pour ne prendre aucun risque et que rien ne vienne enrayer ma stratégie, il est nécessaire de bâtir une solide amitié avec le cocu de mari et d'en faire mon allié. Il manquerait plus qu'il découvre que j'ai sauté le thon  !!!

Mort de rire, vous pensez que j'ai peur de cette mauviette  ? J'assure un max pour mener ma barque à bon port et sans vague. Pour votre gouverne, j'aimerais lui rapporter avec force et détails croustillants de quoi est capable son boudin. Je méprise les minables  !

Les confidences sur l'oreiller, ça a du bon ! Le cornard est dans la mélasse. Son entreprise est en faillite. Je patiente, épiant le moment propice pour offrir mon assistance. Les amis sont faits pour ça, non ? En signant ce pacte, ils sont mes débiteurs, mes serviteurs  !

A eux deux, les sept péchés capitaux sont réunis... In the pocket.

Quand je pense que des cons affirment que l'argent ne fait pas le bonheur  ! Beaucoup ont vendu leur âme par cupidité durant la mise à mort du ventre.  Des polichinelles que j'utilise à mon bon vouloir. Tous complices... Tous coupables  ! Je les possède avec une telle aisance. Quel pouvoir  !

Le scénario est écrit, la mise en scène aboutie, la distribution des rôles établie et les acteurs connaissent leur texte à la perfection.

Que le spectacle commence  !

La demande en divorce est une simple formalité. Chuuutttt, le ventre ne sait pas… Un courrier du tribunal fera l'affaire…

Je me réjouis et me lèche les babines d'avance en imaginant l'effroi sur sa trogne.

J'adore les effets de surprise d'autant que Noël est dans quelques jours et célèbre aussi notre anniversaire de mariage. Elle sera pétrifiée. Je le sais  ! C'est jouissif. Je me congratule de ma férocité  !

Il est évident que je demande tout  ! Bien sûr que tout m'appartient  !

Mais que croyez-vous ? Que j'allais me faire plumer et lui laisser la maison, les enfants, une rente  ? C'est bien mal me connaître  ! Elle dégagera sans un iota.

Rhoooooooooo  ! Je vous vois venir avec vos gros sabots. Vous me décevez  ! Un contrat est un contrat. Elle l'a signé. Aujourd'hui, elle paie le prix fort pour avoir eu le privilège de porter mon patronyme et materner mes rejetons.

Vous savez bien que je ne l'ai pas choisie par hasard ? Une sans-famille en quête de reconnaissance et personne pour la protéger. Pas de beaux-parents sur le dos. A dire vrai, je me suis surpassé en la sélectionnant. Pour un coup de maître, cela en fut un.

Mon superbe avocat véreux saura tirer parti de son enfance misérable et donner dans le sordide. Il joue sur du velours  ! Le ventre va morde la poussière et finir dans le ruisseau ou bien... morte  ! C'est de loin le script que je préfère  !

Elle reçoit la nouvelle tel un coup de poignard qui lui transperce la poitrine et lui porte le coup fatal… Poupée meurtrie, anéantie, cassée, brisée... la voilà qui se traîne à mes pieds, supplie, gémit, pleure, crie, mendie, implore, vacille et se renferme sur elle-même totalement anéantie…

Quoi  ! La loque se rebelle, se révolte, résiste, se bat pour obtenir la garde de ses chérubins  ! Pour qui se prend-elle,  cette souillon  ? Si elle veut la guerre, c'est perdu d'avance  ! Pendant qu'elle se débattra, je serai le fauve qui met à mal sa victime.

Que peut une fragile gazelle contre la puissante mâchoire d'un lion  ? Je suis son Seigneur... elle abdiquera.

Je pose sur mon visage le masque de Judas. J'émeus autrui alors que je la supplicie.

Lorsque je transpose les rôles en me faisant passer pour son souffre douleur, je les convaincs et ils adhèrent à ma version. -"Un pauvre homme, marié à une folle hystérique, avide, égoïste et perverse. N'est-ce pas malheureux  !"

Chacun m'encourage et me soutient. Je fais pleurer mes yeux et m’apitoie sur notre couple défunt. Quel avenir pour nos innocents petits qui, pris dans cette tourmente, sont complètement désemparés. Personne ne voit ma fourberie  !

La résistance du ventre décuple ma rage intérieure. Dans ce huis clos familial, je la bafoue, l'avilis, la méprise, me moque d'elle, la traite pire qu'un chien, aidé par les gamins que j'ai formatés et qui sont mon bras armé.

Je veux la voir six pieds sous terre. Personne ne s'oppose à moi  !!! Je vais la pousser à bout, l'atteindre au plus profond de son âme, lui prendre ce qu'elle aime le plus au monde, le sang de son sang, la chair de sa chair et lui éclater son cœur de mère en mille millions de morceaux. LA DETRUIRE  !

Voilà c'est fini  ! Je suis à mon apogée, j'ai gagné  !

La justice, les experts, la famille, les enfants, les amis, chacun a cru en ma bonne foi  ! Je les ai tous bernés  !

Je me rêve César, ovationné et porté triomphalement aux nues !

Le ventre a culpabilisé. En retournant les enfants contre elle, je prenais le contrôle. Elle était persuadée de porter le poids de l'infamie. J'ai annihilé son envie de lutte. Elle a sombré dans les nimbes de la folie et a signé de son sang le mot fin.

J'avoue m'être amusé à la voir couler.

Mes clones sont en route pour former mon armée de disciples et dévorer d'autres proies.

Ma postérité est assurée.

Je suis un comédien-né ! Décernez-moi l'Oscar du meilleur acteur pour mon interprétation machiavélique !

J'ai commis le crime parfait.

Appelez-moi Mon Roi.

 

Rideau  !!!

 

 

Note de l'auteur  :
(1) Souvenir
(2) Harpie

 

Marina A.C.

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