Psychologie du développement

3. Orientation psychanalytique

 

3.8.1. La construction des représentations psychiques de la pulsion

            La pulsion est définie comme un concept limite entre le soma et la psyché. Les pulsions n’accèdent jamais directement à la vie psychique (donc, le ça est différent d’un réservoir des pulsions !). Elles doivent passer par la médiation de représentants psychiques. Freud en distingue 2 ordres :

-         Affects : n’ont pas accès à la vie psychique inconsciente, uniquement au Pcs[1] et au Cs. Ils ne se refoulent jamais. Ils concernent le corps : “ce qui du corps pâtit du signifiant” (Lacan) c’est-à-dire ce que le signifiant ne peut pas dire.

Lacan dit que l’angoisse est le seul affect qui ne trompe pas. “L’angoisse c’est quand il y a trop-plein d’affects sans la médiation de la parole”.

-         Vorstellung : les idées représentantes sont constituées de mots qui font images (cf. la dimension métaphorique et métonymique du mot). A partir du moment où l’on parle, on construit une réalité psychique et donc il y a conjonction du Réel, de l’Imaginaire et du Symbolique.

Les idées représentantes peuvent ou pas être refoulées.

2 types :

-         Représentants de choses (Rch) sont constitués par des restes visuels qui demeurent dans l’Ics.

L’Ics est seulement accessible par ses formations : -rêve, lapsus, acte manqué, dénégation (un contenu de pensées Ics peut accéder à la conscience à condition d’être nié) avec son corollaire : la projection (ce qu’on ne voit pas en soi, on le voit chez l’autre).

-         Représentants de mots (Rm) sont constitués par des restes sonores. Ils appartiennent à l’Ics, au Cs et au Pcs.

Les 4 sens (ouie, odorat, toucher, goût) et le rêve sont sous le primat du visuel. Pour comprendre quelque chose au rêve, il faut passer du visuel au sonore, c’est-à-dire vers des jeux de mots signifiants.

L’Ics fonctionne avec le processus primaire[2].

-         Il ne connaît pas la contradiction.

-         Il n’obéit à aucune logique cartésienne.

-         Les Rm s’articulent entre elles sur le mode de l’assonance (même son), de la consonance,...

C’est la logique du signifiant.

-         Les Rch se lient aux Rm, c’est le principe de liaison. Le produit de cette liaison, en petites quantités, permet le passage de l’Ics au Cs. (figuration, condensation, déplacement)

La négation (non) est le propre du Cs. Le Cs fonctionne selon le principe des processus secondaires, c’est-à-dire sous la logique de la signification.

Le penser se construit en même temps que l’objet autour de 2 fonctions du jugement :

- le jugement d’attribution c’est-à-dire le fait d’attribuer à une sensation, un objet, une qualité bonne ou mauvaise. Il relève du moi-plaisir primitif et constitue une 1ère ébauche de distinction entre le dedans (représentation mentale de ce qui est bon et qui est mis dedans (introjection - réalité interne) et le dehors (quelque chose qui est mauvais, dont l’enfant ne veut rien savoir et est refusé (projection - réalité externe)). A l’origine, l’enfant n’a pas encore les outils pour faire le tri, pour construire sa singularité (je prends, je laisse). Winnicott dit : “à l’origine, il y a un enfant qui fait partie d’elle et un sein qui fait partie de lui”. L’idée d’échange est une illusion. Comme l’enfant est d’abord obligé de dire « oui » à tout, le non représenté concerne aussi le dedans.

- le jugement d’existence c’est-à-dire le fait de confesser d’un objet, d’une chose, d’une sensation qu’elle existe et que ce n’est pas une hallucination. Il relève du moi-réalité. “La perception est une hallucination réussie”. La perception n’est jamais vierge, il y a toujours un modèle Ics de ce qu’on veut trouver au dehors.

            Comment abandonner l’état de toute puissance, de jouissance indifférenciée (dans la Chose, par la Chose, à la Chose) pour être un parmi d’autres uns ? L’enfant est un être de pulsions. Au tout début, le 1er représentant psychique de la pulsion est l’excitation pulsionnelle elle-même. Ce qui importe, c’est que la mère mette des mots sur la jouissance (le rapport au réel - plaisir ou souffrance) afin que l’enfant passe à une élaboration plus poussée de la représentation, dont la liaison à la pulsion est, à l’origine, labile. Comme l’enfant est dans un bain de langage, très vite, une représentation de mots (du côté de la Loi - non, ne fais pas...) s’articule avec une représentation de choses (du côté de la jouissance indifférenciée).


[1] Cs : Conscient ; Pcs : Préconscient ; Ics : Inconscient.
[2] FREUD, S., (1915), L’inconscient in Métapsychologie.

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