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Isabelle LEVERT

Psychologue clinicienne

Psychothérapeute

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La rupture amoureuse

De la déception à la reconstruction de soi

La rupture amoureuse est une des épreuves les plus douloureuses de la vie. Rares sont les hommes et les femmes qui en ont été ou qui en seront exempts. Elle signe la fin d'un rêve et en cela elle est une désillusion toujours trop brutale. Elle comprend généralement plusieurs phases à traverser avant d'être à nouveau capable de retrouver la joie de vivre. Quelques stratégies peuvent faciliter ce passage et vous aider à vous reconstruire.

1. Les phases de l'épreuve

"Je ne t'aime plus" Des mots terribles à entendre. Le sol se dérobe sous vos pieds. Vous avez la sensation de défaillir. Votre esprit se vide comme si vous étiez foudroyé(e). Une flèche déchire votre cœur. C'est pire qu'un cauchemar !

1.1. Phase de déni

Cela fait tellement mal que, dans un premier temps, vous ne pouvez, vous ne voulez pas y croire. Il paraît inadmissible que votre amour ne soit pas ou plus réciproque. La réalité est si difficile à affronter que les illusions cherchent à s'imposer par tous les moyens. C'est la phase de déni qui inaugure souvent tout processus de deuil et qui prend fin petit à petit, lorsque vous devenez capable d'admettre qu'il ou elle ne vous aime plus. Il n'y a pas d'ambivalence dans un tel aveu.  Il est vain de vous raccrocher à l'idée qu'il ou qu'elle commet une erreur pour vous persuader du contraire.

Aller à l'encontre des ressentis de votre conjoint n'aurait pour effet que de renforcer sa position. Il n'y a d'amour que dans la liberté. S'il doit y avoir une reconquête, elle ne pourra venir qu'à son initiative, après que dans l'isolement vous lui ayez manqué. Mais, il se peut que, pendant ce laps de temps, vous aussi vous ayez réfléchi et que la magie de la séduction ne fonctionne plus. Il est essentiel que vous vous donniez également le choix. Il n'y a donc qu'une chose à faire : prendre au pied de la lettre ce qui est dit et ne pas le ou la retenir mais vous détacher d'elle ou de lui.

Il est manifeste que vous refusez d'accepter la fin de votre relation lorsque vous espérez qu'avec le temps et l'éloignement, ses sentiments referont surface, quand vous ne trouvez plus quoi inventer pour le ou la voir, quand la moindre chose sert de prétexte pour lui téléphoner, quand vous ne décrochez pas les photographies d'elle ou de lui   des murs... Toutes ces conduites témoignent d'un espoir qui perdure envers et contre tout mais qui ne fait qu'allonger le supplice. Pourtant, il faut avancer seul(e).

1.2. Phase de dépression

Plus la réalité de la rupture prend corps, plus les émotions vous envahissent. Les sentiments de trahison sont denses devant les promesses d'amour volées en éclats, le sentiment d'impuissance est écrasant sous le poids de la souffrance. La colère monte face au sentiment d'être injustement puni(e) par l'autre ou par la vie. Elle est aussi une défense contre la blessure narcissique. En effet, rejeter la faute sur l'autre évite de vous mettre en cause, de n'être plus que celui ou celle dont on s'est détourné. La révolte est également une manière de reprendre une part active plutôt que d'être réduit(e) à la passivité, juste écrasé(e) par le chagrin. Derrière l'irritation, la fureur, il y a toujours une plaie à vif.

Inévitablement, il faudra faire face à la tristesse d'avoir perdu l'être aimé et parfois, à la détresse de la solitude. Tant que vous étiez ensemble et bien que vous vous occupiez peut-être seul(e) de tout un tas de choses du quotidien, le sentiment d'être deux vous donnait l'illusion d'être plus fort(e). Il était doux d'envisager l'avenir avec quelqu'un de cher auprès de vous. Avec la fin de votre histoire, vous retrouvez tous vos doutes sur vous-même, sur les possibilités de réaliser votre rêve de rencontrer l'âme sœur, sur vos capacités à former un couple heureux et durable, etc.

Sans cesse vous pensez à lui ou à elle. C'est obsédant. En silence, vous menez un long conciliabule. Le soir, votre grand lit vide vous rappelle qu'il ou qu'elle n'est plus là. Le souvenir de la chaleur de sa peau, de la protection de ses bras, de son odeur presque aphrodisiaque, de ses caresses... vous hantent. Les lieux sont vidés par son absence. Vous luttez entre l'envie de vous laisser sombrer et la nécessité de survivre mais sans plus de goût pour rien. Parfois un regain d'énergie vous ressuscite quelque peu. Votre faible appétit et vos insomnies n'arrangent pas votre état de fragilité. Vous êtes parfois tellement mal que le désespoir de ne pas remonter la pente vous gagne. Qu'elle est difficile à tourner cette page.

Certaines personnes n'ont jamais appris à vivre seul(e)s et à apprécier la solitude de sorte qu'il se peut que celle-ci soit insoutenable pour elles, au point qu'elles songent au suicide. Si tel est le cas, il est extrêmement important de demander de l'aide et de chasser toute honte face à ce besoin d'aide. Il est une très grande force de reconnaître ses faiblesses ! De plus, ne pas être capable de supporter la solitude n'est pas une fatalité. Au moyen d'une psychothérapie, il est tout à fait possible d'apprivoiser suffisamment la solitude que pour en éprouver un profond bien-être. Par ailleurs, il est fondamental d'être en harmonie avec soi-même et d'être sa propre source de bonheur afin de ne pas se décharger de cette responsabilité personnelle sur son ou sa partenaire. 

1.3. Phase de reconstruction

Après avoir en quelque sorte épuisé votre peine, un jour vient où vous ne voulez plus de la souffrance. Vous comprenez qu'elle ne servait qu'à vous apitoyer sur vous-même, éventuellement à attendrir celle ou celui qui vous a quitté(e). Il est temps de regarder devant et de repartir à l'assaut de la vie, sans précipitation, sans se jeter au cou du premier venu, mais de se consacrer à la réalisation de ses rêves en restant en éveil. Reprendre les projets laissés en suspens permet d'occuper l'esprit et participe au mieux-être. La satisfaction de les voir aboutir regonflera votre estime de vous et vous aurez en plus avancé. Vous avez le droit et le devoir de penser à vous et de prendre soin de vous.

Faire sienne la décision de l'autre accélère l'entrée dans la phase de reconstruction de soi. Mesurer le fossé entre la personne des débuts qui semblait si merveilleuse et l'étrangère qu'elle est insidieusement devenue conduit à se poser la question : Qui ai-je aimé ? La réponse peut vous amener à comprendre que vos illusions recouvraient la vérité, que c'est votre propre rêve qui vous incitait à poursuivre la relation bien plus que la personne elle-même. Vous faisiez toujours plus des concessions, non pas parce que le présent en valait la peine mais dans l'espoir d'un avenir plus satisfaisant. Vous courriez après quelque chose qui appartenait déjà au passé ; ce savoir est lumineux. Tant que vous luttiez contre cette volonté de rompre, elle était votre pire ennemie. Tandis qu'en accueillant ses aspects positifs, vous vous appropriez le rejet et recouvrez votre intégrité. Vous n'avez plus à fermer les yeux sur ce qui vous contrariait ou vous taire pour éviter de faire des vagues, ce qui à chaque fois vous éloignait un peu plus de vous-même, et qui était la cause de votre mal-être. Vous n'avez plus à vous perdre de peur de perdre l'autre. Il ou elle est parti(e) et vous retrouvez qui vous êtes.

Alors qu'hier encore, vous attendiez son retour, aujourd'hui, vous doutez de la justesse de ce désir et l'envie de renouer fait place à plus de lucidité. Les conditions ne sont plus réunies pour imaginer qu'il serait bon de vouloir construire avec lui ou avec elle. Vous ne pouvez plus lui accorder une foi infaillible, sans être simultanément en porte à faux avec vous-même. Vous ne vous essoufflez plus de tirer seul(e) le projet conjugal.

A condition que la récurrence l'interpelle, une nouvelle séparation peut servir de révélateur également à la personne qui délaisse l'autre, comme si ce nouvel échec était nécessaire à la prise de conscience du rôle de ses dysfonctionnements psychologiques dans les difficultés conjugales. Toutefois, il ne faut pas se méprendre sur ses capacités à changer. Beaucoup de problèmes psychiques ont des racines inconscientes qu'il faut amener à la lumière pour les résoudre. Remanier des "habitudes mentales" exige un effort intense qui doit être, maintes fois, répété pour se maintenir. L'habileté d'un psychothérapeute est bien appréciable pour apprendre à fonctionner autrement. Cette période de reconstruction peut utilement être mise à profit pour faire ce travail-là, qui de surcroît peut conférer un sens à une épreuve qui n'en avait peut-être pas.

Toutefois, il y a des questions qui resteront sans réponse. Hier, il ou elle vous dévorait des yeux et, aujourd'hui, vous ne lisez plus que de l'indifférence dans son regard. En l'absence de reproches sur des points précis et suffisamment graves pour détériorer les sentiments, l'incompréhension et le désarroi règnent face à ces choses qui ne s'expliquent pas. Une dose de fatalisme est indispensable pour cesser de se marteler le cerveau avec ces interrogations muettes et stériles et enfin passer à autre chose. La vie continue et c'est elle qui est la plus forte.

2. La rupture traumatique

Il arrive que certaines ruptures constituent de véritables traumatismes, en ce sens qu'elles dévastent à la fois les assises narcissiques de la personne et à la fois ses facultés d'établir des relations saines avec les autres. Il suffit de penser à ces hommes et à ces femmes qui se réfugient dans le célibat, par amertume, ou à ceux qui démarrent une histoire mais échouent à la poursuivre dès que leur partenaire n'est plus idéalisé. Ceux-là ne dépassent plus jamais la lune de miel et font souffrir les autres de cette blessure non cicatrisée. Les effets délétères d'un trauma de cette nature sont nombreux et ne se révèlent généralement qu'après-coup, au cours d'une relation ultérieure.

Il est évident que, dans le cas de figure où une rupture a fait trauma, parce que la tragédie a endommagé vos capacités à aimer, il est bien trop tôt pour entamer une nouvelle histoire amoureuse. Il faut plutôt prendre le temps de liquider toute la charge émotionnelle encore retenue dans les représentations liées au drame, prendre la mesure de l'impact que cela a eu sur le système de croyances de la personne. A titre d'exemple, après la rupture, elle peut penser que tout peut s'arrêter brusquement au moindre désaccord de sorte qu'elle est en permanence sur le qui-vive. Il faut aussi lui réapprendre à oser s'affirmer pour qu'elle puisse demander ce qui est bon pour elle. Pour cela, elle devra reprendre contact avec ses qualités, se réconcilier avec ses valeurs et ses rêves et dompter les pensées et les émotions nuisibles enclenchées à la moindre similitude avec l'événement traumatique, qu'il s'agisse d'un conflit mineur, d'une réaction de son ou de sa partenaire, etc. Une restructuration cognitive (cf. rubrique Courants de pensées) est très souvent indispensable pour ne pas subir les séquelles de telles ruptures pendant des années et ne pas hypothéquer les chances d'une prochaine vie conjugale heureuse.

Bibliographie

LEVERT, I., Les violences sournoises dans le couple. Paris, Robert Laffont, 2011.

Isabelle LEVERT
Psychologue clinicienne
Psychothérapeute

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