Psychologie du développement

3. Orientation psychanalytique

 

3.6. Les fondements de la psychanalyse freudienne

        3.6.3. Les stades de l'investissement libidinal

c) Le complexe d’Oedipe chez le garçon

Il se décompose en un versant positif, comprenant le désir pour la mère et la rivalité vis-à-vis du père. L’enfant est jaloux de l’attention que le père porte à la mère et vis-versa. Le versant négatif concerne la position féminine adoptée par le garçon à l’égard de son père qu’il aime et dont il reconnaît la puissance. Pour conserver cette relation affectueuse, il reste passif. Cette double polarité renvoie à la bisexualité originaire[1].

            Le complexe de castration naît quand l’enfant admet le manque de la réalité et qu’il construit un organe phallique (imaginaire) qui peut être ou ne pas être. Il ne peut alors plus maintenir ni le côté positif de l’Oedipe, car il sait que la position incestueuse n’est pas permise et entraîne une sanction qu’il intuitionne comme la castration (castré de l’amour, de l’intérêt qu’on lui porte), ni le côté négatif car la castration est présente par présupposition. Le garçon se soumet à la Loi et renonce à sa mère. Il s’identifie au père et introjecte son autorité et sa virilité. Cette identification secondaire constitue le noyau du Surmoi. Erigé pendant la phase phallique, le complexe d’Oedipe est détruit grâce à l’angoisse de castration. Ce n’est pas de l’ordre du refoulement mais de la liquidation. Le complexe d’Oedipe est un procès.

            La névrose[2] découle de la non suppression du complexe d’Oedipe. Le refoulement permet certaines identifications secondaires mais par le retour du refoulé l’amour primordial pour la mère ressurgit et celle-ci reste la référence. A la puberté, il peut y avoir impossibilité de rejeter les fantasmes incestueux et d’accomplir l’affranchissement de l’autorité parentale.

d) Le complexe d’Oedipe chez la fille

            Le problème pour la fille est qu’elle doit changer d’objet d’amour (désirer un homme et non plus la mère). Ce qui est en jeu c’est le passage d’une libido auto-érotique (masturbatoire) à une libido objectale, c’est-à-dire un investissement libidinal de l’autre.

            D’emblée, elle admet la réalité du manque de pénis ce qui suscite une espèce d’inhibition, de sentiment d’infériorité qu’elle essaie de compenser dans l’imaginaire. “Elle sait qu’elle ne l’a pas et elle veut l’avoir...”. Freud pose ainsi l’équation symbolique où le désir d’enfant est le substitut phallique. Par ailleurs, elle en veut à sa mère du détour obligé par la quête d’un substitut, le désir d’enfant, car elle la rend responsable du manque qu’elle lui a transmis. Il y a changement d’objet d’amour de la mère vers le père mais surtout transformation, à un stade préœdipien, de l’amour de la fille pour sa mère en haine. Sous l’interdit de l’inceste, la fille doit également renoncer au désir d’avoir un enfant du père. La fille entre dans l’Oedipe quand il y a attachement au père et en sort lors de l’identification à la mère.

            La névrose découle d’un non renoncement au phallus, à désirer ce qui n’a jamais été reçu, ce qui fera dire à Lacan que l’hystérie est la langue fondamentale (le désir naît du manque). C’est une castration imaginaire qui nie la castration symbolique si bien que l’attachement au père reste excessif rendant les investissements extérieurs insuffisants et paralysant les identifications à la mère.


[1] FREUD, S., (1923), Le moi et le ça in Essais de psychanalyse, Paris, Petite Bibliothèque Payot, 1968, p. 177-234.
[2] FREUD, S., (1905), Analyse d’une phobie d’un petit garçon de cinq ans : le petit Hans, in Cinq psychanalyses, Paris, PUF, 1995, p. 93-198.

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