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Isabelle LEVERT

Psychologue clinicienne

Psychothérapeute

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L'épuisement face au(x) stress

Comprendre les mécanismes en jeu pour agir

Le stress peut être défini comme tout agent physique ou psychologique provoquant une réaction de l'organisme. Le stress peut avoir une origine extérieur ou cognitive et donc endogène. Il peut être positif lorsqu'il mobilise nos ressources et nous permet d'améliorer notre performance. Il est négatif lorsqu'il dépasse un certain niveau ou qu'il perdure trop. Les mots "être stressé(e)", dans le langage courant, désignent généralement un déséquilibre important, voire inacceptable, entre ce qui est attendu de nous et nos propres capacités d'adaptation, l'impression de perdre le contrôle, d'être surchargé(e)... 

Le syndrome général d'adaptation ou syndrome de stress est l'ensemble des différentes manifestations symptomatiques fonctionnelles et organiques qui découlent du stresseur. Il regroupe des réponses neuronales, neuro-endocrines, métaboliques et comportementales. Il évolue en trois phases : - la réaction d'alarme, - la phase de résistance, - la phase d'épuisement. Une situation professionnelle fréquente permet d'illustrer ceci. L'annonce d'une surcharge de travail correspond à l'alerte. Elle est suivie d'efforts accrus pendant les jours suivants ; c'est la phase de résistance. Face au besoin de repos et de détente et à la difficulté d'accomplir la mission, la personne perd le moral ; elle est épuisée.

Quand le stress se prolonge ou qu'il est trop répétitif, l'organisme, tant d'un point de vue cérébral qu'énergétique, ne peut plus faire face. Le stade d'épuisement est atteint, offrant ainsi un terrain favorable à diverses pathologies en raison de la fragilisation des cellules, de la sécrétion anormalement élevée de glucocorticoïdes, de l'immuno-suppression, de l'augmentation du taux de cholestérol dans le sang, etc. Au niveau somatique, le stress peut se traduire sur le plan cardiovasculaire par l'hypertension, l'artériosclérose, l'infarctus du myocarde, sur le plan gastro-intestinal par la constipation, la colite, l'ulcère. Il peut aussi être un facteur d'arthrite rhumatisante, de diabète, d'obésité. En ce qui concerne les pathologies psychiques, il peut avoir pour conséquences : l'indifférence, l'introversion, la passivité, des troubles du comportement (instabilité, irritabilité, etc.), des troubles anxieux, la dépression, l'anorexie, etc.

Des expériences ont démontré que l'apprentissage ou le conditionnement préparent le sujet au stress de sorte que le syndrome général d'adaptation peut être spécifique et non plus une réponse stéréotypée et inappropriée si bien que la situation est alors traitée efficacement avec pour résultat une réduction ou une suppression du stress. Chez les individus qui contrôlent le stress, la libération d'adrénaline et de sérotonine* est compensée par la synthèse de ces molécules et l'activation du système orthosympathique est limitée de sorte que le système nerveux se maintient à un niveau de fonctionnement optimal.

Le sentiment subjectif de contrôle est un facteur important dans la gestion du stress. En effet, la théorie de la "double évaluation" postule que, face à un stresseur, une personne procède très rapidement à l'évaluation de la gravité du stresseur, puis à celle de ses possibilités pour y faire face. La manifestation de stress découle du solde de cette double évaluation. Pour agir en profondeur et durablement sur le stress, il y a donc deux portes d'entrée : les situations à problèmes et le positionnement du sujet face à celles-ci. Pour les premières, on recourt à la technique de résolution de problèmes. En effet, il arrive souvent que les difficultés sont si vaguement formulées que le patient ne sait pas par quel bout les affronter. Pour la seconde, on dispose de nombreux outils :
- la restructuration cognitive dans le but que la personne apprenne à relativiser, à se protéger, à compenser, à retrouver confiance, à recourir à ses capacités imaginatives et créatrices ... ;
- les méthodes d'arrêt de la pensée face aux ruminations et à un raisonnement qui tourne en boucle ;
- les techniques de relaxation et de respiration ;
- l'affirmation de soi dont les bénéfices sont la faculté de poser des limites et de refuser de prendre en charge certains stress ainsi qu'une meilleure estime de soi qui permet d'aborder les situations avec plus d'optimisme mais aussi la minimisation des obstacles parce que l'individu est alors focalisé sur la réussite de ses projets.

* L'adrénaline et la sérotonine sont des neurotransmetteurs, c'est-à-dire des molécules chimiques qui servent à transmettre l'information d'une cellule nerveuse à une autre.

Le stress post-traumatique chez les professionnels de l'urgence

Au cours des interventions en urgence, les professionnels de la santé ont régulièrement à faire face à des situations toujours très difficiles : la mort et la souffrance, celle du patient et/ou celle de son entourage. Le pronostic vital est souvent en jeu si bien qu'inévitablement, tôt ou tard, les soignants sont confrontés à un événement émotionnellement choquant qui peut être traumatisant mais pas forcément.

Le traumatisme se caractérise par son impact immédiat et à plus long terme sur la vie de l'individu, sur sa personnalité, sur sa vision du monde. Plus rien n'est comme avant. Les perturbations sont parfois si importantes qu'on pose alors le diagnostic de stress post-traumatique. Il est important d'attirer l'attention sur ce risque auquel les débutants mais aussi les plus expérimentés sont exposés, notamment lors des missions en SAMU mais pas seulement. On utilise d'ailleurs le terme de "burn out" pour parler d'une forme particulière de dépression chez les membres des équipes soignantes usés par les surcharges émotionnelles négatives et le sentiment d'impuissance face à la maladie et à la douleur. Il suffit de songer aux personnes qui travaillent en service d'oncologie ou de soins palliatifs pour le comprendre.

La sensibilité n'est pas un handicap pour être infirmier ou infirmière mais il faut apprendre à se protéger en trouvant la bonne distance entre l'identification avec l'être souffrant et l'indifférence. Un patient traité dans sa globalité, en tenant compte des dimensions physiques et psychiques guérit plus rapidement. Il importe donc de trouver ce juste milieu. Tout d'abord, il faut savoir que cet équilibre est instable, à réajuster constamment. Ensuite, si le malaise persiste, il n'y a aucune honte à avoir besoin d'un coup de pouce pour se dégager d'une expérience qui résonne trop avec sa propre histoire, présente ou passée, ou qui fut l'horreur à l'état brut et devant laquelle personne n'est suffisamment cuirassé. Un bon soldat est un soldat vivant. Il est important de prendre soin de soi comme on prend soin des autres. Le psy n'est pas réservé aux "fous". Et qu'est-ce qu'un fou d'ailleurs ?

Isabelle LEVERT
Psychologue clinicienne
Psychothérapeute

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