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Isabelle LEVERT

Psychologue clinicienne

Psychothérapeute

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La mystérieuse notion du transfert

Un phénomène spécifique

La notion de transfert est souvent assez mystérieuse, surtout pour quiconque ne s'est pas investi en profondeur dans une cure psychanalytique (le patient est allongé sur le divan) ou dans un travail psychothérapeutique d'orientation psychanalytique (le patient et le psy sont assis en face à face). Les psychanalystes ont depuis longtemps mis en évidence ce phénomène qui se développe principalement et fortement dans le dispositif de la psychanalyse. Cet article a pour objectif de définir simplement ce terme et d'en préciser l'usage.

photo sault vaucluseLa relation qui se crée entre le patient et son psy ne ressemble à aucune autre. La situation particulière, l'un parle et l'autre écoute - cette dichotomie n'est pas aussi tranchée dans la pratique - favorise le transfert, c'est-à-dire l'apparition d'émois, ici et maintenant, qui sont comme une reviviscence d'émois liés à d'autres situations, à d'autres temps, d'autres lieux et d'autres personnes, et qui peuvent ainsi devenir conscients parce qu'ils sont à nouveau mobilisés dans le lien avec le psy. Ainsi, l'interprétation du transfert permet la mise à jour des motivations inconscientes qui gouvernent à l'insu du sujet sa vie. "L'interprétation établit un rapport entre le phénomène spécifique du transfert et une parcelle de la réalité psychique du patient et, dans certains cas, cela signifie parallèlement qu'elle le rattache à un fragment de la vie passée du patient" (WINNICOTT, D.-W., (1951), De la pédiatrie à la psychanalyse, Paris, Petite Bibliothèque Payot, 1983, p. 230). Le transfert est donc une mise en acte de l'inconscient. "De cette façon, l'inconscient commence à avoir un équivalent conscient, à devenir un processus vivant qui met en scène des personnes, à constituer un phénomène acceptable pour le patient" (p. 232).

    A propos de la névrose de transfert (la problématique du patient qui se donne à voir dans le transfert), François Roustang, hypnothérapeute, écrit ceci : "En quoi consiste-elle ? A travers le transfert, cette intense relation affective, dont parle Freud, nos reproduisons le ou les types de relation que nous entretenons avec les autres ; types de relation qui ne sont pas directement ou facilement lisibles dans nos comportements parce qu'ils sont gouvernés par des expériences très anciennement oubliées, passives ou actives, qui se sont transformées en fantasmes prégnants. Dans l'artefact du transfert, et comme dans un laboratoire, nous répétons à l'état pur notre mode de fonctionnement à l'égard des autres. A l'état pur parce que nous sommes dégagés d'une part des réactions des autres qui nous obligent à cacher ou à contrefaire nos propres actions et réactions spontanées, et d'autre part de la responsabilité de nos actes ou de nos paroles . [...] Il y a un autre côté du transfert qui en fait une névrose. Nous sommes attachés à notre mode de fonctionnement relationnel et nous ne voulons rien en changer. [...] Pour le dire encore en d'autres termes, tout un chacun oscille entre le désir d'indépendance, de maîtrise, de responsabilité, et le besoin infantile de se retrouver dans un état de dépendance, d'irresponsabilité et ainsi d'innocence" (ROUSTANG, F., (2000), Comment faire rire un paranoïaque ?, Paris, Odile Jacob Poche, p. 102).

    La psychothérapie d'orientation psychanalytique vise à sortir de la répétition des mêmes scénarios de vie par la mise au jour des entraves ou des forces inconscientes qui animent le sujet. Elle suppose qu'en connaissance de cause, la personne pourra ensuite décider librement de la voie qu'elle désire suivre. Au cours de ce cheminement, le psy n'est qu'un médiateur. Le patient qui souhaite avancer dans son existence doit prendre un rôle actif dans la démarche et, a minima, fournir l'effort de mettre en mots les préoccupations qui le minent ou les difficultés qu'il traverse. La parole permet de dire la souffrance, d'en tracer les contours, de l'explorer et de l'évacuer. Au cours de ce processus, d'une façon un peu caricaturale, le psychanalyste se démarque du psychothérapeute dans la mesure où le premier écoute seulement et pour l'essentiel de la séance laisse la personne retrouver sa route, à l'exception de l'une ou l'autre interprétation, tandis que le second est plus un guide, même si son objectif est également que le patient, à terme, prenne dans ses mains les rennes de sa vie. En effet, trop souvent, le sujet place quelqu'un (le sujet supposé savoir) à cette position alors qu'elle doit rester vide ou libre. Ainsi, la névrose de transfert trouve sa fin lorsque le psy perd sa place, qu'il ne la tient plus et renvoie le patient face à lui-même, comme seul responsable de son énonciation, comme seul détenant sa propre vérité. 

Isabelle LEVERT
Psychologue clinicienne
Psychothérapeute

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