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Isabelle LEVERT

Psychologue clinicienne

Psychothérapeute

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Les bâtisseurs d'utopies

Une plage à marée basse. Le ronron de la mer déchiré de temps en temps par le cri strident d’une mouette. Des gens, plein de gens de toutes les sortes. Un arrêt sur image au milieu de la vie. Comme un moment volé pour soi, un moment à ne presque rien faire, peut-être le seul moment essentiel, tellement beau qu’un peintre en ferait un tableau s’il parvenait à fixer son regard mais, partout où ses yeux se posent, il y a de la magie, quelque chose d’insaisissable qui l’intrigue, qui immobilise son pinceau.

Des hommes avec des pelles, ils construisent un immense château de sable. En fait, des petits garçons qui rêvent, des bâtisseurs d’utopie. Ils suent. Un dur labeur pour le plaisir d’un instant, balayé en quelques vagues et pourtant inoubliable. Une montagne sur un océan de sable, un sommet d’éphémère. Une toute petite fille en maillot de bain, un petit bout de femme qui escalade le monde.

            La lumière halogène, quelque peu métallique, la brume qui recouvre la mer, qui noie chacun dans une silhouette fantôme, l’horizon qui se rapproche comme si les flots en s’éloignant dévalaient un précipice. Un paysage lunaire éclairé par un éclair trop blanc. Tout un univers dans une carte postale. Une ouverture dans le cosmos. Le début d’un nouveau voyage, toutes voiles épanouies.

            Et tous ces enfants, chasseurs de coquillages, creusent des brèches dans les digues de notre indifférence. Un amas de grains de sable, quel bonheur, une infinité de possibles. « Là, on disait qu’il y a le tram qui passe ». N’est-ce pas un miracle, une fillette qui voit un tram sur une plage ? Là où l’adulte ne voit rien, l’enfant invente tout ; rien c’est justement tout.

            Le ciel fond dans l’eau ou l’eau se disperse dans le gris sans limite. L’un et l’autre monde se confondent. L’heure indiquée par l’horloge est erronée. On est sur une autre planète, ce n’est pas la même chronologie. Le temps qui passe ici, s’écoule limpide, un murmure dans le scintillement d’un diamant. La plage est un lit de poussière de pierres précieuses. Une neige granuleuse et soyeuse qui colle à la peau mouillée.

Isabelle LEVERT

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