Psychologie du développement

2. Orientation psycho-sociale

 

            Pour Wallon[1], la psychologie génétique est la psychologie qui étudie le psychisme dans sa formation et ses transformations. Au niveau de l’ontogenèse, deux facteurs interviennent dans le développement :
-        un facteur biologique, responsable de la maturation du système nerveux central, et
-        un facteur social, qui correspond à l’influence du milieu social mais aussi à l’interaction entre l’enfant et son entourage.

Il propose donc un système dans lequel coexistent des stades de développement psychomoteur et des stades de développement de la personnalité. Si la construction de l’intelligence prédomine sur la construction personnelle, on parle de stade centrifuge (l’enfant se tourne vers le monde extérieur) et, dans le cas contraire, de stade centripète (l’enfant se centre sur lui-même) – loi de la prédominance. Ces rapports de prédominance alternent de façon cyclique – loi d’alternance fonctionnelle. La combinaison de la construction de la personne et de la connaissance du monde extérieur contribue à l’intégration de la personnalité - loi de l’intégration fonctionnelle.

La succession des stades de l’enfance apparaît à Wallon comme essentiellement discontinue. “Le passage de l’un à l’autre n’est pas une simple amplification mais un remaniement... Entre les deux, il semble souvent que s’ouvre une crise... Des conflits ponctuent la croissance, comme s’il y avait à choisir entre un ancien et un nouveau type d’activité...”. Chaque stade en lui-même est à la fois «un moment de l'évolution mentale et un type de comportement», ce qui est confirmé par la pathologie[2] (fixation à un stade). Il y a passage d’un stade à un autre quand un nouvel ensemble de conduites est devenu dominant. Wallon ne veut pas isoler l’aspect cognitif de l’aspect affectif. Il propose sept stades à l’intérieur de deux cycles qui comprennent chacun trois moments :

-        un moment global syncrétique (prédominance de l’affectivité)

-        un moment de différenciation (prédominance de l’intelligence)

-        un moment d’intégration de la personne.

Au contraire de Piaget, pour Wallon, chaque phase présente un système de relations spécifiques entre l’enfant et son milieu. En effet, le milieu n’est pas le même selon la phase dans laquelle est l’enfant (cf. aperception de Bellak). Le milieu est fait de tout ce qui donne prise aux procédés dont dispose l’enfant pour obtenir la satisfaction de ses besoins. Par là, il est également l’ensemble des stimuli par lesquels s’exerce et se règle son activité. Le rôle de l'autre est important dans la prise de conscience de soi. L'homme est avant tout un être social.

Il y a accession à l'intelligence discursive dans les rapports émotionnels avec autrui. Il y a d'abord une sorte de connaissance marquée par le caractère syncrétique de la pensée (Pas de distinction entre objectivité et subjectivité, moi et autre...). Se mettront en place par la suite des structures élémentaires comme les couples "petit/donc pas grand", "méchant/donc pas gentil"... Ce sont des couples complémentaires et opposés. Vers 5 ou 6 ans il y a un déplacement de cette notion de couple. L'enfant sépare le dualisme des termes du couple.

 

[1] WALLON, J., (1941), L’évolution psychologique de l’enfant, Armand Colin, Paris.
WALLON, H., (1949), Les origines du caractère chez l’enfant, PUF, Paris, 1970.
[2] Selon cette conception, la maladie mentale est une crise non dépassée, permanente ; l’individu n’ayant pas réussi à franchir la remise en cause, à se stabiliser, à trouver un compromis. Ainsi, on comprend mieux pourquoi les psychotropes ne soignent rien. Ils ne font qu’endormir un état manifeste, sans faire évoluer le sujet.

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