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Isabelle LEVERT

Psychologue clinicienne

Psychothérapeute

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Le suicide adolescent

Des mots sur les maux pour éviter la tragédie

Cet article a pour but d'attirer l'attention sur le risque suicidaire à l'adolescence et sur l'importance qu'il y a de parler de l'envie de mourir afin que le fantasme de mort ne se transforme pas en passage à l'acte.

photo vue vaucluse 84Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les jeunes, après les accidents de la route. Si suite à une tentative de suicide, la proposition de prise en charge psychothérapeutique n'est pas suivie ou trop vite abandonnée, le pronostic à long terme est mauvais. 

Selon Dolto, le fantasme du suicide est «normal» à l'adolescence puisqu'il s'agit de  «mourir» de l'état d'enfant pour renaître à celui d'adulte. Ce qui est morbide et peut même s'avérer tout à fait tragique, c'est la réalisation du fantasme : le passage à l'acte.

Certains signes doivent attirer l'attention :
- le mutisme et/ou la prostration ;
- l'a-motivation, l'indifférence comme si plus rien n'avait de valeur ;
- l'interruption des activités qui auparavant passionnaient ;
- la rupture des relations sociales ;
- etc. 

Plusieurs causes peuvent expliquer qu'un jeune en arrive à une telle extrémité :
- une dépression masquée jusque-là et qui se révèle avec la perte du désir ;
- le manque d'estime de soi qui entrave toute possibilité de se sentir estimé(e) des autres
- un sentiment de culpabilité (suite au divorce des parents, au décès d'un proche, etc.) et une violence retournée contre soi ;
- la réalisation d'un voeu parental, suite à l'annonce de la grossesse ou juste après la naissance vécue sans joie, transmis inconsciemment à l'enfant et à qui il n'a jamais été dit qu'il avait bien fait de naître ;
- un romantisme exacerbé où, suite à une rupture amoureuse, la mort est envisagée comme la seule issue ;
- une sorte de jouissance fantasmatique à imaginer la tristesse, le manque, les regrets des personnes qui comptent pour lui ou pour elle ;
- etc.

La question de la mort est souvent omniprésente et il est indispensable de l'aborder. Pour ce faire, les parents sont démunis, mis en situation d'échec. L'aide ne peut venir que de l'extérieur, d'un oncle, d'une tante, d'un grand-parent, ou d'un proche de la famille, à condition que les confidences ne soient pas révélées aux parents, que la discrétion soit assurée. Il est nécessaire que la souffrance de l'adolescent(e) soit entendue, qu'elle trouve un réceptacle, et surtout qu'elle ne suscite pas une réaction de panique. Il ou elle a besoin d'une écoute qui soutient pour traverser ce passage difficile. Lorsque le jeune ne peut accorder sa confiance à personne dans l'entourage, s'adresser à un(e) psychologue, lié(e) par le secret professionnel, s'avère indispensable.  

C'est le langage intérieur qu'il faut entendre, les mots que l'adolescent(e) se dit à lui-même ou à elle-même. L'essentiel de la psychothérapie consiste à nommer ce qu'il se passe, à lever le non-dit et à reconnaître ce dont le jeune souffre. Une attitude d'écoute et de silence est insuffisante, et se cantonner à cela serait même désastreux. Il est essentiel d'offrir une parole pour rompre l'isolement, des mots qui contiennent parce qu'ils mettent du sens. 

Dans un premier temps, le processus adolescent balaye tout, en vrac, sans distinction entre ce qui lui convient et ce qui ne lui convient pas. L'enseignement parental apparaît caduque, bancal, d'une autre époque, dépassé de sorte que ni le père ni la mère ne sont plus en mesure de pouvoir servir de référence, de repère.  Il en résulte une perte transitoire de structure, un vide un peu vertigineux, une période de flottement, de vacillement. La compréhension apportée permet de relancer la dynamique du projet de vie et d'accéder à l'étape suivante, qui consiste à se réapproprier la plupart des valeurs transmises par les parents, mais devenues véritablement siennes, nécessaires pour réaliser ses objectifs.

Isabelle LEVERT
Psychologue clinicienne
Psychothérapeute

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